Pourquoi notre époque est-elle autant auto-voyeuriste? auto video-surveillée? Alors que les people s’emportent contre les paparazzis, s’indignant dès qu’un peu de leur intimité leur est volée, pourquoi le commun des mortels a-t-il – à l’inverse – cette frénésie de montrer chaque seconde de sa vie, de teller sa story au reste du monde, 24h/24 (ou presque)? Instagram, Twitter, blogs de mode en pagaille dont on est (soi-même) à la fois la vedette et l’impresario… La faute à une civilisation de l’ego ou de l’auto-voyeurisme selon certains, peur de sa propre disparition selon d’autres: n’est-ce pas en effet la peur de la mort et de l’éphémère, qui incite à « pérenniser » en diffusant à la terre entière ce macaron – même infâmement instagramé aux côtés d’un Vuitton monogrammé, et même si tout le monde s’en fout… – dégusté au coucher du soleil?… Quitte à massacrer, ainsi, irrémédiablement, la splendeur précieuse de l’instant vécu dans ce qu’il a de plus intime, de plus précieux et de plus personnel… Besoin de s’étaler, attitude auto-liberticide de non-anonymat total… Alors même que tout le monde s’insurge contre l’essor de la vidéo-surveillance?… Besoin d’être sa propre star… Génération moi.com… Alors, le web rend-il megalo? Ou alors complètement maso, comme ceux qui soumettent quotidiennement leur apparence physique à l’évaluation de la terre entière? Ce qui est sûr, c’est que le moi est devenu LE sujet principal de la blogosphère, le coeur du sujet de toute @twitterie, @instagramerie, ou @face-de-bouc… Terrible civilisation du miroir où tout nous ramène à notre propre reflet, et à la construction savante de celui-ci, quitte à moins ressembler à nous-mêmes qu’au personnage que nous nous créons dans cette gigantesque et planétaire cour de récré virtuelle où chacun joue à se déguiser, à: « on dirait que toi tu serais célèbre »… et déciderait fermement de devenir le monograme de soi-même. En fait, ça doit être ça, le but du jeu: faire de moi.com une marque déposée, un monograme, bref, un it-moi.
Narcisse 2.0
21 samedi Avr 2012
Posted Chic People
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Victoriane a dit:
Tu vois, c’est là que je me dis que c’est bien d’avoir 40 ans ++, on a connu « avant » et on a un peu de recul par rapport à tout ça, enfin, je crois !
Jicky a dit:
oui, c’est tout à fait ça. Et quel danger vertigineux pour les jeunes générations qui s’engouffrent à corps perdu dans ces nouvelles technologies du « moi » sans ce recul là…enfin, à mon avis, il y a là une forme de danger..
ladymarlene a dit:
Tout à fait d’accord. A nos âges avancés, nous pouvons considérer cette avalanche de narcissisme avec l’ironie nécessaire et un plus de recul. Mais oui, il est paradoxal de se révolter contre la vidéo surveillance et de s’étaler partout…
Jicky a dit:
et pis alors, moi quand je suis en train de savourer un instant d’exception à l’autre bout du monde ou dans un coin perdu, je n’ai AUCUNE mais AUCUNE envie de le détruire en l’Instagramant!!! 🙂
stelda a dit:
Et tu as bien raison! J’en parlais hier avec une amie, et on arrivait exactement au même constat que toi. Exploser et exposer comme ça chaque instant de sa vie, s’exhiber pour quoi, pour qui ? c’est une fuite terrible d’énergie (et de temps!!).
Comme Victoriane, je suis contente d’avoir connu « l’avant ».
Et une petite anecdote : il y a 13 ans, c’était le tout début d’internet grand public ; j’étais déjà connectée (oui, suis une grande geek en fait :D) et j’avais dit à une copine : « on devrait créer un site qui parle de tout, qui s’adresse à tout le monde et on l’appellerait ego.com… J’avais du nez, non ?
Ca fait du bien, de te lire! Je vais cliquer sur tous les liens que tu proposes 😉
Jicky a dit:
en fait, j’ai écrit ce post parce que je ne cesse de m’interroger sur le sujet, et je ne comprends pas – mais alors pas du tout- ce besoin de s’étaler (même si je blogue moi-même, mais je préfère parler de ce qui me touche plutôt que faire étalage du dernier macaron mangé / instagramé) sans compter que je trouve qu’il y a « gachis » de l’instant vécu à trop vouloir le divulguer à la terre entière. Avec cette présomption de croire que ça intéresse les autres. Combien de fois je suis tombée sur un macaron instagramé en me disant « mais qu’est ce qu’on s’en fout! » Et c’est ça qui me laisse dans une incompréhension totale….J’espère aussi que ceux/celles qui ont connu l’ « avant » sauront transmettre ce recul aux très jeunes générations qui, progressivement, s’accoutument de plus en plus et sans se poser aucune question, à cette immédiateté totale, à cet abaissement sans limites des parois de la sphère privée. On a dit: progrès des moyens de communication, ok, mais pas communication/connexion permanente, et de TOUT, non? enfin, moi, cette perméabilité quasi totale de la sphère privée (via facebook, twitter ou instagram), je la trouve malsaine, voilà.
Victoriane a dit:
Après tout est question de dosage. Tu vois, hier, je suis allée avec ma fille et une de ses amies visiter le Musée Cocteau de Menton et je l’ai « Instagramé » comme tu dis et envoyé sur Facebook, mais juste la façade et juste pour donner une idée de sortie avec les enfants pour les copines. Tu vois, de cette façon, je ne ressens pas cette perméabilité malsaine dont tu parles.
Néanmoins, ma fille de 13 ans n’a ni Facebook, ni MSN ou autre et je serais furieuse de la voir photographiée et exposée sur la page de l’une ou l’autre de ses copines, et pourtant, je sais que ça arrivera bien un jour…
Elle est déjà très sensibilisée aux risques de la toile et de ses excès, mais elle a aussi l’innocence de son âge. Et on en revient à l’importance du rôle de parent, protecteur et paravent…
Jicky a dit:
oui, et tout dépend à qui on instagram…